Voilà, tout est dit ou presque.
J'ai fait ma première crise assez tardivement, le jour où je devais monter faire mes trois jours (eh oui, le Service National existait encore). C'était après une grosse période de stress (examens de fin d'année), plusieurs nuits courtes, et là, fallait se lever à 3:00 du matin pour chopper le train qui me permettrait d'être à la caserne à l'heure (car le progrès n'est pas vraiment partagé par tous, côté SNCF...)
Rien de plus angoissant que ce que les neurologues appellent la période d'obnubilation post-critique, cette période qui démarre au moment où l'on reprend conscience de soi, mais durant laquelle on n'est incapable de reconstruire l'enchaînement des événements qui ont conduits à la situation que l'on est en train de vivre, à savoir se retrouver à poil sur le carrelage froid dont on n'est incapable de dire si l'on est censés le reconnaitre ou pas, avec un gros bleu sur le bras, ou entouré de personnes qui vous posent des questions débiles auxquelles on répond mécaniquement, personnes que l'on ne reconnait pas et qui semblent s'en inquiéter.
Et puis petit à petit, l'histoire se reconstruit, on se resitue dans le temps et dans l'espace, on se dit "OK, c'est bon, je connais", et on repart pour un tour.
Le "syndrôme du réveil difficile" que ça s'appelle, dans mon cas. Toujours tôt le matin, après une nuit trop courte et une période de travail intense.
J'en n'ai pas fait tant que ça, des crises : 6 ou 7 étalées sur une quinzaine d'années. Mais de plus en plus rapprochées. Et j'ai accepté de me faire mettre sous traitement lorsque j'ai fait ma première crise au volant. Grosse peur retrospective, même si ma voiture s'est gentiment arrêtée le long des véhicules en stationnement et que j'en ai été pour 25% de malus rapport à la Mercedes dont j'ai rayé l'aile... Mais les personnes qui sont passées à ma hauteur ont du penser assister à une crise cardiaque en direct. Elles auront eu plus peur que moi.
Depuis que je suis sous traitement (Dépakine Chrono 500, 1 le matin, 1 le soir), plus la moindre crise. Je perds mes cheveux sans vraiment savoir si je dois le mettre sur le compte du traitement (mon père avait déjà une belle couronne à son mariage et mon frère doit se raser pour cacher sa disgrâce depuis qu'il a vint ans). J'ai pris 20 kilos sans vraiment savoir si la faute doit en être imputée aux terribles comprimés ou à ma sédentarisation excessive et à mon bon appétit. Je suis naze le matin, sans savoir si c'est constitutif ou consécutif au médicament. J'ai les mains qui tremblent (pas facile pour tenir les verres de contact entre le pouce et l'index) et ça se voit encore plus lorsque je suis à table. Mais y'a du Parkinson dans la famille. J'ai des sautes d'humeur violentes, mais à 5 ans on se mettait déjà joyeusement sur la gu*ule avec ma soeur...
J'oubliais : je suis un grand amateur de whisky (plus de 400 bouteilles à la maison), et je participe à des soirées de dégustation au cours desquelles je crache beaucoup par peur du gendarme, et pour contenir mes enzymes hépatiques dans une fourchette convenable (mais j'ai tout de même droit à la petite étoile après chaque bilan sanguin...).
Voilà, je ne sais pas si je viendrai souvent sur ce forum, mais ça aura toujours fait un témoignage de plus. Alors à bientôt peut-être.
JMichel